Coulé le 18 mars 1915 dans les Dardanelles, le cuirassé Bouvet fait l'objet de recherches depuis que l'équipe d'archéologues dirigée par Selçuk Kolay (Turquie) a entrepris un travail d'investigation sur les épaves de la Grande guerre gisant au large des côtes turques. L'Ecole navale et la Defense Acquisition University (États-Unis) se sont associées à ce projet dans le cadre du Laboratoire d'Histoire et d'Archéologie Maritimes en apportant leurs compétences dans le domaine des études de stabilité des navires. La modélisation numérique du bâtiment, effectuée à partir des sources archivistiques et des outils logiciels développés par l'École navale, a permis de formuler des premières hypothèses sur les causes de la rapidité exceptionnelle du naufrage. Une maquette du cuirassé est en cours de finition au bassin d'essai des carènes de la Direction Générale de l'Armement (DGA) à Val-de-Reuil. Cette maquette sera testée en juin 2014 afin de reproduire les conditions du naufrage et de valider par l'expérience les hypothèses formulées à partir des archives et de la modélisation du bâtiment.
Une telle étude fait apparaître la durable difficulté qu’il y eut à combiner de manière satisfaisante une puissante artillerie, un blindage, un système de propulsion et une plate-forme stable. Le problème n’est pas seulement à envisager pour la seule marine française puisqu’il s’est posé à toutes celles de quelque importance dans les mêmes termes. Un tel bâtiment, touché en dessous de la ligne de flottaison, était condamné.
Au moment où on s’interroge sur les avantages et inconvénients de formes de coques similaires, dans le cas du nouveau destroyer américain USS Zumwalt, l’étude du Bouvet prend un enjeu d’une parfaite actualité qui va bien au-delà de la commémoration de la Grand Guerre sur mer.